Jacques Faucher

Jacques Faucher

Jacques Faucher

De tous les personnages bibliques, permettez que je me rapproche de Nicodème, prénom souvent synonyme de nigaud, de niais. Et pourtant signifiant « victoire du peuple » (nikè-demos : victoire-peuple), tout un programme.


« Jésus répondit à Nicodème : “Tu es docteur en Israël et tu ne connais pas cela ?” » (Jean 3, 10)


Médecin et prêtre, trois fois docteur (médecine, théologie catholique, histoire des religions et anthropologie religieuse), je me vis surtout comme un insatiable chercheur et lecteur, grand lecteur mais avant tout écoutant, attentif au désir mis à l’œuvre et mis à l’épreuve chez les personnes rencontrées dans les événements de santé, physiques et psychologiques, relationnels et spirituels, aux prises avec la lecture de ce qui leur survient...

J’interviens beaucoup dans le monde de la santé (formation initiale et continue des professionnels de la santé sur les questions d’éthique, analyses des pratiques, comités d’éthique, etc.). À Bordeaux, je suis aussi le prêtre référent du secteur pastoral St Augustin, Ste Jeanne d’Arc et Notre-Dame de Bonne Espérance, car au centre circulent les acteurs des Centres Hospitaliers Pellegrin et Charles Perrens, des universités et des instituts de carrières de la santé, des laboratoires de recherche, etc.


Pourquoi lire ? et relire ?


Je ne sais jamais a priori ce qui est bon pour l’autre, ce qu’un texte veut dire, ce qu’une personne est en train de demander ou de confier...

Je ne sais jamais a priori où une personne va aller, où un texte va nous mener, ce qu’un partage de texte va nous ouvrir...

Et je ne sais jamais jusqu’où je vais aller à l’écoute et dans l’accompagnement d’une personne, par la lecture d’un texte, seul ou à plusieurs.

« Le lecteur est face au texte, comme le sujet

face à son désir » 1


La lecture, l’écoute et la recherche sont affaires de désir : Trouver ce que l’on ne cherchait pas, mais que l’on pressentait sans savoir quoi...

L’attitude de base est d’être disponible à l’inattendu de la rencontre de l’autre, du texte, des autres... de celui que Grégoire de Nazianze nomme : Ô toi, l’au-delà de tout. Celui que, loin de nous entraîner dans le ciel des idées ou la théorie des principes, l’Evangile désigne comme le Fils de l’homme, figure originale de Jésus le Christ, mais aussi révélation de l’incarnation de l’éternel, du plus cosmique, dans le plus concret de la vie terrestre du corps de chacun, humain et non humain.

Ô toi l’au-delà de tout
Quel esprit peut te saisir
Tous les êtres te célèbrent
Le désir de tous aspire vers toi...


Cette aventure je la partage avec tous ces humains qui nous ont précédés, qui ont écrit tant de textes, les ont lus et relus, recopiés et transmis, recueillis dans des bibliothèques, cachés dans des murs et des grottes, des fois au risque de leur vie, comme autant de traces et de relais de ce qu’ils vivaient de plus précieux de leur foi et de leur désir. Parfois témoignages de rencontres, souvent mises en récit de ce qu’ils ressentaient et racontaient, je les décrypte comme autant d’invitations à m’interroger sur ce Personal Jesus, le leur et le mien.


« Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit »

(Jean 3, 8)


1 Bertrand Ogilvie, Lacan. Le sujet, PUF, 1988



Ses contributions à ce site

Nouveau Testament : questions d'histoire

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Lire et relier les textes et apocryphes,

leurs contextes et devenirs


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